25/08/2009

SAMEDI 24 OCTOBRE : PARLER L’ARCADIEN / LE MATIN

Lieu du colloque :
École supérieure d’art et design
La Platine (nouvelle école)
3 rue Javelin Pagnon, 42000 Saint-Étienne

Si l’Arcadie peut apparaître comme un lieu hors champ, un modèle hors norme, une source de contre-cultures, comment penser son lien avec le sens commun ? Peut-on circuler entre un dedans construit (une communauté constituée) et un dehors chaotique (le reste du monde) ?

10h—12h30 ET IN ARCADIA COME ALL!
modératrice : Émilie Renard
Où il sera question de communautés de courte durée, des sources d’un certain hédonisme juvénile et encore des formes temporaires d’intensités créatives et festives.

Ettore Sottsass, Il pianeta come festival, 1973
Lithographie mise en couleur par Tiger Tateishi
69 x 52 cm
coll. Centre Goerges Pompidou, Paris


Tiphanie Blanc
(curateur et chercheuse)
Monte Verità un siècle après.
En 1870, l’anarchiste Michael Bakounine s’installe à Locarno, au bord du lac Majeur en Suisse. Suivent alors de nombreuses personnalités de l’intelligentsia européenne — Ida Hofmann, Henri Œdenkoven, Karl et Arthur Gräser ¬— qui s’établissent, dans la première décennie du XXe siècle, sur une colline dominant Ascona et qu’ils rebaptisent “Monte Verità”. Adeptes d’une nouvelle philosophie associant naturalisme, théosophie, végétarisme et nudisme, ils prônent un “communisme paléochrétien” et créent la coopérative “vegetabiliana”. Nombreux sont ceux qui y séjournent alors jusque vers 1920, artistes, chorégraphes, écrivains, tels Isadora Duncan, Alexej von Jawlensky, Hugo Ball, Hans Arp, Hans Richter, Oscar Schlemmer, Josef Albers, Hermann Hesse… En 1978, le curateur suisse Harald Szeemann organise une exposition à partir des archives et des objets qu’il a collectés sur cette communauté. “La mamelle de la vérité” est la deuxième exposition d’une trilogie autour des thèmes essentiels de son Musée des Obsessions : le célibataire, la maman et le soleil. L’exposition fut d’abord présentée dans la Casa Anatta sur le Monte Verità et sur les îles de Brissago du lac Majeur. Elle voyagea ensuite en Europe jusqu’en 1980 avant de revenir se fixer définitivement dans la Casa Anatta, qui rouvrira ses portes en 2012. Un siècle après le développement de cette “colonie” du Monte Verità, que reste-t-il de cette hétérotopie ? La relecture par Harald Szeemann de ce moment historique permet de comprendre en quoi ce modèle communautaire fut un moment essentiel du développement des avant-gardes européennes. Szeemann souhaitait faire de ce passé méconnu un facteur de transformation sociale. Il y avait vu à juste titre un rôle de précurseur des différents courants New Age et de la contre-culture hippie, mouvements qui font à leur tour l’objet d’études historiques. Mais qu’en est-il des dérives autoritaires de ce modèle de société idéale, ou du moins idéalisée ? À quels aspects des expériences du Monte Verità peut-on se référer aujourd’hui ?

Fabien Vallos
(auteur, traducteur et éditeur)
Il interviendra sur les régimes du festif et sur l’intensité créatrice générée par des moments joyeux de partage collectifs, à propos du livre de Furio Jesi, La fête et la machine mythologique, (1977), ed. Mix, Paris, 2008. “La fête implique une collectivité, elle la saisie comme une main qui l’empoigne et la serre ; simultanément, elle parvient à cette collectivité par un mouvement centrifuge qui se propage à partir du point le plus éloigné des bords externes de la collectivité. Une des caractéristiques de la fête, qui résulte de ce modèle, est sa puissance à déterminer un centre dans la collectivité. (…) Dans l’état festif, il est possible de voir la collectivité dans sa plus grande intimité.”